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Architectes & Décorateurs

Kenza El Ghissassi «La passion ne devrait pas avoir de limites»

By juin 20, 2021No Comments

Après avoir empoché son diplôme d’architecte d’état à l’école nationale d’architecture Paris Val de Seine (ENSAPVS) et son habilitation à la maîtrise d’œuvre en son nom propre (HMONP) à l’école Paris La Villette (ENSAPV), c’est tout naturellement que Kenza El Ghissassi a repris le chemin de retour vers Rabat. Quelques années d’expériences plus tard, c’est avec sa propre agence, Kea, qu’elle décide de délivrer sa vision à la fois minimaliste et chaleureuse de l’architecture.

Par : M.W.

 

 

 

 

 

Comment est né votre engouement pour l’architecture?
J’ai toujours eu un penchant pour le design et la création dans toutes ses formes. Étant jeune, j’ai pu observer le travail de mon oncle, architecte, et cela a de suite éveillé mon intérêt. J’ai rapidement su que je voulais m’orienter vers la même carrière. J’ai aussi été attirée par l’idée de laisser une empreinte physique au-delà de soi. Répondant à un besoin, elle se doit aussi d’être en accord avec l’environnement. Cela fait partie de mes principales motivations de participer à la concrétisation des souhaits des clients tout en respectant l’environnement dans lequel s’inscrit le projet.

Pourquoi le choix d’exercer au Maroc était-il une évidence?
En plus d’être très attachée à mon pays, j’ai fait ma soutenance sur la réhabilitation d’un quartier du littoral de Rabat ce qui fait que je souhaitais vraiment pouvoir trouver des opportunités de projets dans ce sens. Je tiens à participer à ma manière au développent architectural du pays. Quoi de mieux que d’exercer sa passion dans un pays plein d’opportunités et au charme indéniable. Il n’empêche que je serais ravie d’avoir des opportunités dans d’autres pays. Chaque expérience est unique et enrichissante.

Quelles sont les grandes étapes de votre carrière?
Tout juste après mes études, j’ai intégré l’agence JLA studio (Jamal Lamiri Alaoui). Durant cette expérience, j’ai eu la chance de travailler sur de très beaux projets résidentiels et touristiques tels que Sindibad Beach Resort, Casa Green Town, le Golf du Michlifen, Hôtel Marchica à Nador… Cela m’a permis d’acquérir une expérience très riche sur toutes les phases d’un projet. Après 6 ans, j’ai sauté le pas et j’ai créé ma propre structure.

Qu’est ce qui vous a poussé à suivre la voie de l’entreprenariat?
En débutant mes études d’architecture, mon ambition entrepreneuriale était clairement définie. Mes années de salariat étaient toutefois essentielles car elles correspondent à une part importante de ma formation. Ceci dit, ce n’était pas facile de franchir le cap. Me retrouver seule alors que j’avais eu l’habitude de travailler en équipe était une vraie difficulté, en plus d’être devenue maman. D’un autre côté, c’était un challenge très excitant. Avoir ma propre structure m’a poussée à me dépasser et à sortir ma zone de confort et surtout m’a permis de m’exprimer pleinement à travers chaque projet.

Si vous n’avez que quelques mots pour décrire l’agence KEA, quels seraient-ils?
Passion, créativité et raffinement.

Quels sont vos projets de prédilection?
Depuis mes débuts, j’ai eu l’occasion de travailler principalement sur des projets résidentiels et des plateaux bureaux. Quelle que soit la nature du projet, il est important pour moi de rester à l’écoute du client tout en lui apportant une réponse fonctionnelle et harmonieuse. En effet, chaque projet à une identité propre combinant esthétisme, confort et fonctionnalité.

Qu’est-ce que vous préférez dans votre métier? Au contraire, quelles en sont les principales difficultés?
Ce que je préfère le plus c’est de voir mes idées se concrétiser. J’apprécie aussi beaucoup le côté humain du métier: les rencontres, le partage et surtout de voir la satisfaction de mes clients. Là où j’éprouve le plus de difficultés, c’est de me retrouver parfois bloquée dans mon élan par l’indisponibilité de certaines expertises qui pourraient me faciliter les choses.

Comment définissez-vous votre style?
Je m’inscris dans un style plutôt moderne à travers l’utilisation de matériaux naturels et nobles afin d’apporter une ambiance chaleureuse et élégante. Et quand on me le permet, j’aime utiliser des matières apportant un caractère fort à une pièce ou un espace. Je dirais aussi minimaliste car j’apprécie les lignes épurées, la légèreté, la simplicité et la richesse des détails. Je m’identifie assez bien à la pensée de Mies Van der Rohe qui disait : «Less is more». La difficulté est justement de réussir à transmettre le confort, la chaleur et l’élégance tout en restant dans la simplicité.

Quelles sont vos principales préoccupations lors de la conception d’un projet?
Pour moi, il est primordial d’être à l’écoute et de répondre aux attentes du client de la meilleure manière qui soit, tout en le conseillant et le guidant par mon expertise afin d’arriver à un bon résultat.

Comment envisagez-vous le rapport architecture – architecture d’intérieur?
Je pense que les deux disciplines vont de pair. Un projet d’architecture doit être pensé dans son ensemble, de l’extérieur à l’intérieur. Au-delà de l’aspect esthétique, le côté fonctionnel exige une attention sur les deux volets pour obtenir un résultat harmonieux. Ceci dit, l’intervention de l’architecte d’intérieur dépend des limites de la mission qui ont été définies par le client.

Quelles sont vos sources d’inspiration?
Tout est source d’inspiration: les voyages, les paysages, les formes, les objets, les matériaux, le travail de nos pères. Chaque chose peut nous inspirer une ambiance particulière. Aussi, je suis toujours à l’affût des nouveautés en termes de matériaux car je trouve qu’ils donnent beaucoup de caractère à un espace bien pensé au préalable. Il faut donc expérimenter et oser pour se perfectionner.

Vous m’avez parlé de votre ligne de mobilier, pouvez-vous m’en dire un peu plus?
Dans mes projets, il m’est souvent arrivé ne pas trouver une pièce particulière sur la marché car je l’imagine d’une certaine manière. C’est alors que j’ai commencé à dessiner l’objet en question tel que je le voyais. J’ai ensuite fais appel à un fabricant pour m’aider à concrétiser cette idée. Et c’est de cette collaboration avec des métiers d’art qu’est née ma première composition de tables basses. Il s’agit d’un trio de tables avec un plateau en marbre et en verre fondu de forme aléatoire posé sur un piétement en lattes de bois noires imbriquées les unes aux autres. Cette expérience m’a beaucoup plue et je compte bien développer ce volet de ma carrière dans le futur.

Quelles sont les tendances qui retiennent le plus votre attention?
Plusieurs tendances m’attirent. J’aime justement combiner les styles par petites touches. Par exemple : combiner le style industriel à travers l’utilisation du métal avec le bois pour un style plus moderne et chaleureux. Il est vrai que j’utilise beaucoup le bois pour sa durabilité et son caractère chaleureux. J’aime aussi jouer avec le marbre, le béton, le cuivre ou encore le métal. Il convient de prendre soin de bien choisir ces matériaux au caractère fort pour les utiliser à bon escient afin d’obtenir un résultat harmonieux et élégant. J’aime beaucoup la tendance actuelle d’intégrer dans nos intérieurs les créations artisanales. Au vu du contexte actuel, je pense qu’il est primordial d’encourager l’artisanat local ainsi que les jeunes entrepreneurs désireux de développer cette filière.

Selon vous, quels sont les faux pas à ne pas commettre dans le cadre d’un aménagement intérieur?
Je pense qu’il est essentiel de ne pas avoir trop d’informations dans le même espace. L’idéal serait d’avoir une base neutre afin de se permettre beaucoup plus de choix dans les accessoires et les couleurs. L’habillage des murs doit être stratégique lorsqu’il s’agit de matériaux à caractère fort sans tomber dans l’excès. Personnellement, je n’aime pas mélanger plusieurs essences de bois dans un même espace. L’idéal est ne pas charger l’ambiance afin de la rendre élégante et plus apaisante visuellement et émotionnellement. L’espace dans lequel on vit mérite d’être apaisant et confortable visuellement et doit aussi s’harmoniser avec notre ressenti.

Si vous n’aviez pas de contraintes, qu’aimeriez-vous créer?
Certes les contraintes nous conditionnent dans un sens, mais d’un autre côté elles nous poussent à nous dépasser et à créer parfois quelque chose d’inattendu.