Cette authentique maison de famille au charme fou construite en 1950 par l’architecte suisse Erwin Hinnen pour un armateur français a été rachetée par une famille de Casablanca qui l’occupe de père en fils. Construite autour d’un magnifique jardin, elle ressemble à un ryad. Pourtant, nous ne sommes pas à Marrakech mais à l’Oasis, dans un véritable havre de paix pour les assoiffés de calme, d’harmonie et de vraies valeurs.
Stylisme Deborah BENZAQUEN
Texte Valérie TAZI
Photos Cécile TREAL
C’est une de ces maisons secrètes dont on ne peut soupçonner la beauté tant qu’on n’en a pas poussé la porte. Un patio débouchant sur une magnifique porte en fer forgé donne sur une maison lovée au milieu d’un jardin mêlant plantes grasses et plantes tropicales. Elle a été conçue par le célèbre architecte suisse Erwin Hinnen (1894-1986) qui vécut à Casablanca de 1931 à 1974. Dans le livre de Jean-Louis Cohen et Monique Eleb “Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine”, cet architecte est décrit ainsi : “Combinant références provençales, espagnoles et marocaines, il devient après 1935 la coqueluche des bourgeois qui se veulent bien français, tout en souhaitant retrouver des racines méditerranéennes ou démontrer qu’ils savent s’adapter au pays. Pergolas, patios fleuris, arcades et ferroneries se mêlent dans des maisons bien adaptées au climat qu’ Hinnen construit à Anfa ou dans d’autres quartiers de plaisance pour des Européens nostalgiques.” Celle-ci a été conçu à partir d’un corps de ferme et d’un bassin d’irrigation des années 20.
L’armateur qui voyageait beaucoup s’est inspiré de ses expéditions au long cours dans la décoration da la maison : les sculptures en formes de coquilles qui sont au-dessus des portes sont d’influence espagnole, tandis que la rampe d’escalier qui mène à la chambre d’amis est néo-gothique et les portes en bois indiennes. La fontaine en zellige est résolument marocaine, tout comme les tuiles vertes ou encore les couleurs des volets empruntées à Majorelle et religieusement conservées par la propriétaire des lieux dans un souci d’authenticité. Mais les murs ocre et les encadrements de porte vert Céladon sont aussi les couleurs de la Provence si chère à l’architecte.
La pièce principale s’ouvre à la fois sur le jardin et sur un patio. C’est là que les propriétaires prennent leurs repas dès le mois de mai. “Quand tout est ouvert, on a l’impression que le jardin rentre dans la maison” explique la propriétaire. “Dès qu’on ouvre une fenêtre, on tombe sur un paysage, un patio, une terrasse, une pergola”.
En haut d’un escalier à la rampe néo-gothique se niche une petite chambre dans laquelle on accède par une porte dont l’encadrement est Indien. Ici, on sent la touche de la décoratrice Marie-Françoise Giacolette qui a redécoré la maison, dans le choix des couleurs du zellige de la baignoire. La chambre a un charme désuet mêlant mobilier européen et marocain dans une jolie harmonie.