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Thomas Pheasant «Je suis un partisan du classicisme moderne»

By janvier 1, 2013octobre 1st, 2021No Comments

Le designer américain Thomas Pheasant s’inspire du passé pour créer du mobilier intemporel et des intérieurs marqués par la sérénité. Outre ses créations pour Baker (que l’on peut découvrir chez Trarem à Casablanca), il conçoit du mobilier sur mesure fait main et numéroté et imagine des intérieurs au luxe discret. Il répond à nos questions.

Par Valérie TAZI

 

Comment avez-vous décidé de devenir architecte d’intérieur?
A l’âge de 8 ans, j’ai fait un voyage avec ma classe à la «National Art Gallery». J’ai ressenti une vive admiration quand je suis entré dans la grande rotonde du musée. C’était la première fois que je me sentais émotionnellement connecté à un lieu. Je me suis ensuite inscrit en architecture. Et durant ma seconde année, un de mes professeurs m’a suggéré de prendre des cours d’architecture d’intérieur. Il avait noté l’attention que je portais aux intérieurs dans mes présentations et pensait que c’était la meilleure façon de compléter mon cursus. Le semestre suivant, j’ai pris mon premier cours dans une école d’architecture d’intérieur et j’ai réalisé en quelques semaines que c’était ce que je voulais faire.

Comment décrivez-vous votre style ?
Je suis un partisan du classicisme moderne et j’ai développé une méthode consistant à transformer les idéaux classiques du passé en un point de vue moderne. Je peux dire que ma signature se trouve dans la sérénité de mes intérieurs.

Où trouvez-vous l’inspiration ?
L’architecture, la mode, les voyages sont des sources d’inspiration. Depuis quelques années, ce sont les voyages qui ont le plus d’impact sur mon travail. Je viens de rentrer de Venise où j’ai été inspiré par la couleur des patines des immeubles qui longent le canal. Une semaine à Bali m’a donné envie d’incorporer des matières organiques dans mes créations. Et Paris a été une immense source d’inspiration ces dernières années. J’ai un appartement sur la rive gauche, et c’est là que je viens pour recharger les batteries de ma créativité.

Pourquoi avoir choisi Paris ?
Dans un premier temps, Paris stimulait ma créativité. Puis, j’ai été inspiré par le respect et la reconnaissance des Français pour le design moderne et l’art de la présentation. Cela a influcencé la façon dont je présentais mon travail. A Washington, je passe la plupart de mon temps au studio. Je travaille tout en jonglant avec les mails, le téléphone et mon équipe. A Paris, je prends le temps pour de longues marches. Je m’assois dans le jardin du Luxembourg avec mon carnet de croquis et j’apprécie le temps que je passe à réfléchir. A Washington, je dors six heures par nuit, à Paris, neuf.

Qui sont vos maîtres ?
Si je dois parler des designers qui ont influéncé ma propre évolution, je peux dire que les Français du milieu du siècle dernier m’ont beaucoup inspiré.

Pourquoi avez-vous décidé de créer du mobilier et des accessoires pour Baker ?
En 2002, Baker m’a approché pour travailler sur une collection qui s’est focalisée sur la tradition. Le succès de cette première collection m’a amené à en faire une en 2005 et une autre en 2008. A chaque fois, on m’a donné plus de liberté pour insuffler de nouvelles idées dans mes créations. La collection 2012 se focalise sur ce que je fais dans mon propre studio et sur mes projets. Il a fallu 14 mois pour la développer et j’ai pris le temps de superviser la production, ici, aux Etats-Unis et à l’étranger. Cette collection ne reflète pas seulement l’évolution de mes créations pour Baker, mais aussi mon évolution personnelle en tant que designer. Cela a été très gratifiant de sortir une collection dans laquelle j’ai mis autant de moi-même.

Comment définissez-vous le style de cette collection ?
Je voulais cette collection plus que toutes les précédentes, pas seulement pour refléter mon évolution en tant que designer, mais aussi pour son propre intérêt. Je me suis inspiré des anciennes cultures pour commencer. Ensuite ça a coulé de source. C’est le même process que quand je travaille pour mes clients. Une fois que j’ai établi la direction, le reste vient sans effort. L’âme de cette collection est le luxe à travers la simplicité et la richesse des matériaux. J’ai passé le plus clair de mon temps quand je dessinais la collection à révéler des formes sculpturales. A ce moment-là, il est vraiment crucial que les matériaux utilisés améliorent les formes et participent à la beauté des objets. Cette collection, tout comme mes intérieurs, avait besoin d’une variété de finitions pour créer la profondeur. Un subtil mélange de bois, métal et cristal équilibre la collection. Chaque matériau reflète le luxe. Des éléments classiques sont présents dans la majorité des pièces. Ces éléments sont toujours présents dans mon process de design. Certains sont faciles à reconnaître, d’autres sont plus subtils.

Quelle est votre création Baker préférée ?
C’est certainement la Chaise Athènes. J’étais déterminé à créer une nouvelle chaise qui ferait écho aux idées de la Grèce ancienne, mais qui s’intégrerait dans les intérieurs les plus modernes. Ce fut un exploit technique de faire des pieds de chaise extrêmement fins tout en étant solides. Je suis très fier de cette pièce. Je crois qu’elle va devenir un collector.

Vous travaillez sur un livre qui sera publié à l’automne 2013. Quel est son sujet ?
Il porte sur la sérénité de mes intérieurs et l’évolution de mes créations depuis mes débuts. C’est un regard très personnel sur mon développement en tant qu’architecte d’intérieur.

Avez-vous d’autres projets ?
Je travaille en ce moment sur des projets résidentiels à New York, Los Angeles, San Francisco, Paris, Saint-Paul-de-Vence, Singapour et Moscou. A Washington, je rénove la Maison Blair, la maison d’invités du Président. C’est une occasion unique d’insuffler des idées modernes dans une maison chargée d’histoire. Un Studio Thomas Pheasant est également en cours de développement à Singapour.

Quel est le projet dont vous êtes le plus fier ?
Quand je regarde en arrière, la première fois que mon travail fut présenté dans «Architectural Digest» fut un grand moment pour moi. Ce projet a représenté mon lancement sur la scène internationale. C’est en quelque sorte une rétrospective de mon histoire créative combinant des pièces conçues il y a une vingtaine d’années avec des pièces actuelles. C’est l’expression de ma connexion à un vocabulaire classique qui n’est pas coincé dans le passé, mais qui évolue sans cesse. Le sentiment qui domine c’est la sérénité. Je pense que cette sérénité a capté l’attention de beaucoup de mes clients.