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Flash Infos, Tendances

« Studios. (c) » est le titre de l’exposition photo signée Mehdy Mariouch

By janvier 21, 2022No Comments

Chacun d’entre nous se souvient de ces photographes qui ne souriaient presque pas, chez lesquels nos parents nous emmenaient pour immortaliser une célébration, un événement, ou simplement nous faire un portrait pour une procédure administrative…

Dans ces studios, souvent minuscules, l’imaginaire du photographe nous transportait vers les décors de nos envies. On réinventait autant de couchers de soleil, de jardins fleuris, d’arcades, de paysages et de plages…

On pouvait passer d’un univers à un autre, dépasser les frontières réelles à travers un procédé de faux semblants. Le médium est toujours le même. La photographie transcende les géographies, les réinvente.

 

Tanger, Tétouan, Missour, Meknès, Bejaâd ou Casablanca, des villes parcourues à travers leurs petits studios de photographie. On y entre sur la pointe des pieds pour y cueillir des images du passé et celles toujours présentes d’un décor parfois dépassé, couleurs décaties mais témoin d’un ailleurs, d’une tentative d’évasion.

« Ces mondes fantasmés deviennent autant de réalités à parcourir pour l’œil du photographe que je suis. C’est un monde d’extrême où tout devient possible en un clic. C’est autant de frontières franchies. Celles convenues, celles matérielles qui se dématérialisent à travers le regard… A travers leurs clichés, ces photographes que j’ai rencontrés semblent avoir décidé d’arrêter le temps. Ils protègent leurs labos comme des renards qui défendent leurs terriers. Ils conservent un mode de fonctionnement et un cadre de travail classiques, figés, presque immuables. Soit parce qu’ils le veulent ainsi, soit par défaut de moyens.

Ces labo-photos, où la mémoire est sauvegardée et protégée, sont des cocons foisonnant de vies intérieures malheureusement oubliés des autres »

 

L’idée de ce projet est de porter notre regard sur chaque photographe, dans son studio, où il a photographié des milliers de personnes.

 

Un cadre hors-champ, hors-temps, qui adopte un style désordonné en apparence, proche du kitsch ; flashs, bordures du fond, archives et boîtes entassés… au beau milieu de tout cela, le photographe se fera à son tour photographié.

« Rendre hommage à ces photographes c’est rendre hommage à la photographie. Et c’est aussi ma vision pour développer un travail de mémoire. Puisque sans celle-ci, notre présent et notre futur n’auraient plus de sens ».

 

Biographie – Mehdy Mariouch



Mehdy Mariouch est né en 1986 dans un quartier excentré de Casablanca où germaient à l’époque différentes disciplines artistiques, breakdance, musiques alternatives (rap, métal, fusion, …), graffiti et peinture murale.

De ce monde artistique pluridisciplinaire, est né son intérêt pour les arts de rue. Sa passion pour la photographie commence dès le lycée avec la découverte de l’artiste français JR qui mixe cette discipline avec les arts de rue.

Après un cursus en arts plastiques et design graphique à l’école Supérieure des Beaux-Arts de Casablanca, il intègre un magazine en tant qu’iconographe. Cette expérience lui permettra de découvrir la photo de presse, le métier de photojournaliste et le milieu des agences de presse.

Il en profitera pour cultiver sa passion pour la photographie et s’initier à ce médium. Il devient ensuite lui-même photojournaliste et travaillera avec plusieurs supports médiatiques. C’est durant cette période qu’il commence à développer son propre regard à travers l’expérimentation de différents sujets, du portrait au light painting en passant par l’architecture.

Très vite, son intérêt de photographe s’oriente vers les vies de gens ordinaires, souvent marginalisés, et son travail, au-delà de sa valeur esthétique et de son intérêt documentaire, s’inscrit comme témoin de situations et de vécus.

Sa première série, Bribes de vie, est réalisée avec les mineurs de la région de l’Oriental. Véritable exploration sur le sort de ces travailleurs de l’ombre, les photographies de cette série sont aussi les fragments d’une proximité perceptible avec les mineurs et de circonstances de rencontres.

La série Portraits d’ouvriers qui suivra témoigne elle aussi de l’effacement et de l’humilité du photographe.

Avec la série, toujours en cours, Hammams diaries, Mehdy Mariouch explore pour la première fois son histoire personnelle et les réminiscences de son enfance, dans un espace plus intimiste.

La série Studios revisite les labos photo de différentes villes du Maroc en proposant aux photographes de poser dans leurs propres décors de prises de vues, immortalisant ainsi autant le sujet que le cadre qui l’entoure.

« Documenter l’abandon » pourrait être le fil conducteur du travail de Mehdy Mariouch, qu’il s’agisse d’êtres trop oubliés, de lieux en péril, de destruction, ou parfois même les deux à la fois.