Speed Up, Bel Air, Eden-Rock et l’incontournable Bubble sont autant de collections qui ont marqué la collaboration de Sacha Lakic et de Roche Bobois. Passionné de design moto et auto, il est aussi devenu, depuis sa rencontre avec François Roche, co-fondateur de Roche Bobois, l’un des designers les plus emblématiques de la marque.
Par : M.W. – Photos : DR
«Mon approche du design tourne autour de l’émotion, de la vision, du plaisir et de la fonctionnalité.»
Speed Up
Eden-Rock
Eden-Rock
Bubble
Vous collaborez avec Roche Bobois depuis plus de 15 ans, qu’est-ce qui explique cette longévité?
Nous avons effectivement une collaboration de longue date car nous avons réussi à instaurer un bel esprit d’équipe et un rapport de confiance. Aujourd’hui, nous continuons à être vraiment en phase. Début mes débuts, je tente de surprendre les gens en commençant par l’équipe de Roche Bobois. Ils ont l’esprit ouvert et apprécient le plus souvent les prises de risque que je leur propose. Bubble en est un bel exemple. Bien qu’il soit très culotté, il les a séduit par l’évocation du confort visuel.
Vous étiez spécialisé dans le design automobile, qu’est-ce qui vous a conduit à explorer l’univers du mobilier?
Ce tournant dans ma carrière découle de ma rencontre avec François Roche, le co-fondateur de Roche Bobois. C’est lui qui m’a convaincu que j’avais les atouts nécessaires pour m’essayer au design de meubles. Je me suis laissé persuader car lorsqu’un personnage comme lui vous dit en vous regardant dans les yeux que vous devez vous lancer, c’est qu’il faut foncer. Il m’a beaucoup appris. Rapidement, nous avons édité la collection Onda qui a été primée et ça m’a vraiment donné l’envie de continuer. Pour m’imprégner de l’univers du mobilier, j’ai fait pas mal de recherches et je me suis beaucoup inspiré de la période allant de la fin des années 1950 au début des années 1970 car elle m’a conquis par son innovation et sa créativité. Avec le temps, j’ai bien sûr réussi à libérer mon trait et à parler plus avec mon âme qu’avec ma tête.
Avez-vous un coup de cœur parmi vos créations pour la marque?
Je dirais que j’affectionne tout particulièrement les collections qui ont symboliquement marqué des périodes de création en commençant par Speed Up. J’aime aussi beaucoup la collection Eden-Rock, pour le classicisme qu’elle inspire. Et bien sûr, j’apprécie Bubble, qui tire son inspiration des années 1960 mais qui appartient résolument à son temps au vu de ses matériaux innovants qui lui confèrent un très grand confort. Malgré ces succès, je regarde toujours vers l’avant et mon envie de me challenger demeure intacte.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre démarche créative?
Parfois, j’ai l’impression d’être une éponge. Un tissu, une forme, une envie, un rêve va agir comme un élément déclencheur et va ouvrir une porte dans mon esprit. Je vais essayer de matérialiser cette idée et je vais continuer à dessiner jusqu’à ce que la forme apparaisse comme une évidence. Dans ma démarche, je m’intéresse beaucoup au protocole d’approche du meuble. Pour moi, la prise du contact avec un meuble se fait en trois étapes qu’il faut prendre en considération pour garantir sa réussite. Cela commence dès la vitrine, où le meuble va interpeller ou non le passant. Une fois dans la boutique, on passe à la visualisation de près, à l’appréciation des détails. La troisième étape, c’est le contact physique qui va provoquer des sensations agréables. Toute ma carrière, j’ai été très soucieux de créer des objets qui dégagent de l’émotion, qui ont une âme. Pour moi, c’est tout le pouvoir du design.
Dans quelle mesure la durabilité impacte-t-elle votre travail?
Le développement durable est une composante que nous intégrons chez Roche Bobois depuis plus de 10 ans à travers la qualité des mousses, la provenance des matières premières, etc. Personnellement, j’aime faire en sorte que mes produits soient intemporels. L’idée, c’est d’anticiper un peu les tendances voire de les contourner en optant pour des choses qu’on n’attend pas forcément. À mon sens, la manière la plus efficace de faire durer un objet, c’est de leur donner du caractère, à tel point que son propriétaire aura plaisir à le garder ou à le transmettre.
