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Visite Maison

Visite express en pleine mer
À bord d’AGAPA signé UYD Une lecture d’un intérieur en mouvement

By août 11, 2025No Comments

Aux commandes : Ulysse Yachts Design. Abla Bichara & Rime el guermai, un duo choisi pour sa capacité à faire parler les volumes sans les saturer. Pour ce projet de refonte complète d’un yacht existant, leur intervention engage une relecture des usages, une remise à plat des fonctions, une redéfinition des équilibres entre intérieur, extérieur, circulation, lumière et technique. AGAPA est un espace mobile repensé dans sa totalité, pour que chaque déplacement à bord — qu’il soit visuel ou corporel — ait un sens.

 

Abla Bichara & Rime el guermai

«La mer est une présence structurelle, prolongée dans le moindre détail d’aménagement.»

Le premier geste est spatial. Face à un plan d’origine compartimenté, souvent tourné vers lui-même, UYD choisit de rétablir un axe. L’intervention commence par une reconfiguration profonde du salon principal : suppression des ruptures, décloisonnement partiel, et surtout, inversion de l’orientation. Là où l’espace regardait vers l’intérieur, il regarde désormais vers la mer. Cela ne passe pas par un simple déplacement de mobilier, mais par une mise en tension des lignes : banquettes allongées, jeux de symétrie, ouverture de baies et alignement volontaire des perspectives.

Dans un espace nautique, le centimètre est précieux. Ici, le mobilier sur mesure est pensé non pas pour remplir mais pour intégrer. L’assise principale du salon épouse la courbe de la coque — non par mimétisme décoratif, mais parce qu’elle abrite un caisson de climatisation dont les flux sont canalisés via une découpe invisible, discrètement dessinée dans un plateau de cuir rainuré. Ce détail incarne une philosophie plus large : faire disparaître la contrainte dans la ligne, faire cohabiter la technique et le confort sans créer de hiérarchie visible entre les deux.

Les systèmes audio, les éclairages indirects, les prises, les rangements : tout est là, mais n’est jamais frontal. Le luxe ici n’est pas dans la démonstration, mais dans l’intelligence d’intégration.

Le traitement de la lumière naturelle est lui aussi structurel. À l’arrière, la casquette de protection est striée. Les ombres qu’elle projette varient selon la course du soleil et donnent au pont une temporalité visuelle. Ces stries contrastent avec les traitements du plafond du salon, composé comme un plan graphique, rythmé par des lignes douces toujours lisibles.

La lumière entre sans être contrôlée. Elle traverse les volumes, se pose sur les matières claires, et révèle les textures : bois doux, cuir grainé, textile brut. Rien ne brille, rien ne se fige. Les matières ont été choisies pour leurs capacité à dialoguer avec la mer, avec l’air, avec le temps.

AGAPA est un lieu de vie en mer, avec toutes ses contraintes. Et le projet le prend en compte sans jamais le théâtraliser. Deux salles à manger ont été pensées : l’une extérieure, à l’arrière, abritée mais connectée au cockpit, l’autre intérieure, intégrée au salon et extensible pour accueillir plusieurs configurations. Deux bars complètent le dispositif : l’un fixe à l’arrière, intégré dans la structure ; l’autre escamotable, situé dans la zone lounge à l’avant.

Ce dernier mérite qu’on s’y attarde. Il illustre parfaitement l’approche du projet : un module transformable, intégré dans la banquette, qui peut devenir espace de service, lit de pont ou simple surface de repos. La modularité ne crie jamais son nom. Elle se manifeste dans la logique d’usage, dans la fluidité de transition entre les temps de la journée.

Descendre dans les cabines ne rompt pas la cohérence. Le langage formel reste le même : lignes nettes, matières tactiles, volumes pleins. Pas de ruptures chromatiques, pas de basculement stylistique. On est dans une continuité assumée.

Les têtes de lit sont gainées de cuir sellier, les sommiers encastrés dans des structures boisées. Les éclairages sont indirects, encastrés dans des corniches ou dissimulés sous les placards hauts. Chaque élément a été calibré pour respecter l’échelle du lieu, la circulation de l’air, la sensation de confort.

Les hublots sont intégrés dans un habillage qui permet de jouer avec l’occultation sans perdre le lien avec l’extérieur. C’est ici que l’on comprend que l’élégance du projet tient à une seule chose : l’attention portée à l’usage, à l’habiter, à la logique du corps dans l’espace.

« Le silence des cabines se joue en creux : matières tactiles, lumière indirecte, et volumes parfaitement encastrés. »