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Visite Maison

Villa LM de Mehdi Berrada architecture en état de conscience

By décembre 20, 2025No Comments

Dans la trame urbaine de Casablanca avec la discrétion d’une évidence, la Villa LM est fermée sur la rue, ouverte sur la profondeur. L’extérieur affiche
une économie de moyens, presque une retenue constructive.

Photos : Alessio MEI

 

La maison s’organise autour d’un vide central, traité comme un cœur vivant. Un puits de lumière descend au centre de la composition, nourrissant un jardin intérieur, dense et contrôlé. Cet espace concentre la respiration du lieu : humidité maîtrisée, éclats de lumière filtrée, silence végétal. L’architecture s’appuie sur cette verticalité inversée, entre rigueur et sensualité. Ce geste, inspiré du riad, mais renversé dans son rapport au ciel, structure tout le projet : la lumière ne s’impose pas, elle s’infiltre.

La matérialité gouverne le dessin. Le béton, dans ses nuances chaudes, absorbe la lumière du matin et restitue la chaleur le soir. Le bois, huilé et dense, ponctue les volumes avec une présence presque musicale. Les enduits à la chaux, appliqués à la main, révèlent le geste de l’artisan sans l’effacer. Tout repose sur l’impermanence maîtrisée. Le temps devient un acteur du projet. Le béton s’adoucira, la pierre s’ancrera, le bois se grisera. La maison est conçue pour vieillir avec dignité et l’architecture s’y exprime dans la durée, non dans la performance immédiate.

À l’intérieur, la clarté domine. Les espaces s’enchaînent sans rupture, définis par les matières plus que par les murs. Le salon prolonge la cuisine, la cuisine s’ouvre sur le cœur végétal, la lumière se déplace comme une matière fluide. La palette chromatique, sobre et terrienne, renforce la continuité du lieu : gris chaud, brun mat, vert profond. Les meubles intégrés se fondent dans la structure, dessinés pour accompagner les proportions du bâti. Rien d’illustratif, tout découle du plan.

La Villa M prolonge la recherche menée par Mehdi Berrada : concevoir des lieux précis, ancrés dans la réalité marocaine, capables de dialoguer avec la chaleur, la poussière, le vent. Son approche ne relève pas de la pure abstraction, mais d’une méthode artisanale. Le projet est pensé pour être vécu, non contemplé. Les volumes se prêtent aux mouvements d’une vie de famille : fluidité, lisibilité, stabilité.

La pièce respire une harmonie tangible. Le bois dense absorbe la lumière, la pierre en prolonge la clarté, le métal ponctue l’ensemble avec retenue. Les matières s’équilibrent par leurs contrastes, leurs densités, leurs températures. Tout provient du dessin initial, dans une logique de cohérence absolue. L’architecture se vit ici comme une continuité, une respiration maîtrisée où le confort rejoint la profondeur esthétique.

La Villa M résume la philosophie de son architecte : une architecture sincère, sans excès, enracinée dans le climat et dans la main. Mehdi Berrada ne cherche pas à produire une image ; il construit une expérience. La beauté du lieu ne dépend pas d’un effet, mais d’un équilibre. Le projet témoigne d’une maturité rare : celle d’un designer qui préfère la justesse à l’éclat, la permanence à la mode, la structure à la façade.

L’essentiel s’opère à l’intérieur, un univers mesuré, précis, calibré pour la lumière et le temps. Mehdi Berrada y impose une idée du projet qui se lit dans le détail : proportion, densité, respiration. Le béton pigmenté, la pierre brute et le bois noirci forment le socle d’un langage où la matière remplace le décor.

Dans cette maison, la rigueur structurelle cohabite avec une forme de douceur. Les sons s’amortissent dans le bois, les pas résonnent légèrement sur la pierre, la lumière dessine le rythme des journées. Les deux garçons du couple y grandissent au milieu des matériaux, entre jeu et architecture, entre nature et béton. La maison s’adapte, absorbe, accompagne. Elle vit au rythme des usages.

L’espace associe l’esprit japonais au confort marocain dans une composition sobre et habitée. Autour de la piscine, la lumière s’étire, dessinant des reflets mouvants sur les parois claires. Les circulations prolongent le regard, les ouvertures cadrent des fragments de ciel et de végétation. Le bois, la pierre et la chaux s’unissent dans une écriture wabi-sabi, fondée sur la mesure et la continuité. Le lieu s’articule autour de la famille, conçu pour le quotidien, rythmé par la lumière et la respiration du jardin.