
Qu’est-ce que l’Afrique t’a transmis que le monde moderne tente d’effacer ?
L’Afrique m’a transmis le sens du lien : lien à la terre, lien aux ancêtres, lien à la communauté. Elle m’a offert une mémoire vivante, faite de gestes, de regards, de silences lourds de sens. Ce que le monde moderne tente d’effacer, c’est cette lenteur précieuse, cette manière d’exister en harmonie avec le sacré, le temps et la nature. Aujourd’hui, on nous pousse à oublier d’où l’on vient pour courir vers ce qu’on n’est pas encore. Mais moi, je peins pour ne pas oublier.
Le wax, pour toi, c’est une matière ou une mémoire ?
Le wax, c’est une mémoire cousue dans le tissu. Il raconte des histoires sans mots, celles que les femmes portaient fièrement, que les mères nouaient autour des hanches ou sur le dos pour porter la vie. C’est le parfum de mon enfance, les couleurs de ma grand-mère, les rythmes d’une identité multiple. Ce n’est pas juste une matière c’est une archive vivante de nos joies, nos deuils, nos luttes.
Tes personnages regardent souvent droit devant. Qui regardent-ils vraiment ?
Ils regardent le monde d’aujourd’hui… mais avec les yeux d’hier. Ce sont des regards de résistance, d’interrogation, parfois de défi. Ils fixent ceux qui les observent, pour leur rappeler qu’ils ne sont pas seulement des visages peints, mais des âmes anciennes qui parlent. En vérité, ils regardent chacun de nous — pour nous poser une seule question : “Et toi, que fais-tu de ta mémoire ?”
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