
À Fès comme ailleurs, Meriam Ghandi conçoit des espaces à vivre, à traverser, à investir. Son travail engage une relecture du mobilier urbain : bancs, fontaines, ombrières ou sols deviennent des structures de lien. Elle articule techniques traditionnelles, matériaux locaux et usages contemporains pour produire un design urbain attentif, précis et ancré.
@meriamghandi
Ce que l’on touche tous les jours mérite, lui aussi, une pensée radicale.
Les projet de Meriem Ghandi reposent sur une lecture fine du site : circulation, ombres, matières, histoires partagées. À Fès, au pied des remparts, elle installe un espace public centré sur l’usage, la continuité et l’écoute du terrain. Elle privilégie des compositions sobres, ouvertes, capables d’accueillir différents rythmes de vie.
Un vocabulaire constructif sobre et rigoureux : béton brut coulé sur site, zellige émaillé posé à la main, ombrières métalliques découpées au laser, charpente en bois local assemblée selon des techniques traditionnelles. Chaque matériau est choisi pour sa capacité à résister, mais aussi à dialoguer avec son environnement immédiat : lumière, végétation, flux. L’assise devient système, les niveaux se hiérarchisent sans cloisonner, les motifs guident la circulation. Le dessin géométrique n’est jamais ornemental, il organise l’usage. Ce sont les contraintes urbaines, une orientation, une topographie et des usages mixtes qui dictent la forme, et non l’inverse.
L’artisanat comme structure
L’artist intègre les savoir-faire locaux au cœur de sa méthode : zellige, bois, métal, béton taillé sur place. L’artisanat structure l’espace. Il donne forme à des dispositifs à la fois solides et subtils. Le banc accueille, la fontaine rassemble, le motif oriente. Ces éléments construisent une narration urbaine cohérente, ancrée dans le réel.
Mobilier actif, formes habitées
Ses assises multiplient les niveaux, ses modules suggèrent des usages. Les tabourets servent de jeux de plateau, les ombrières projettent des géométries mouvantes au sol. Ce mobilier crée des scènes de partage. Il favorise les échanges et la présence. Ses pièces soutiennent un usage, tout en s’inscrivant dans une composition d’ensemble.
Penser l’artisanat, ce n’est pas restaurer un geste ancien, c’est lui redonner une place active dans la construction de nos usages, de nos lieux, de nos manières d’habiter
Un design affirmatif
Elle élabore une écriture urbaine claire, lisible, sans surenchère. Chaque intervention s’intègre à l’existant, tout en activant une nouvelle dynamique de lieu. Les matériaux résistent, les formes dialoguent, les parcours s’ouvrent. Le design devient une grammaire commune, accessible, structurante.
Faire ville avec les autres
Le projet de Meriam Ghandi s’appuie sur l’attention. À l’espace, aux gestes quotidiens, à la mémoire collective. En proposant une lecture contextuelle du mobilier urbain, elle introduit une autre manière de faire ville : engagée, située, connectée aux usages réels. Chaque banc, chaque dalle, chaque ombre dessinée participe à une ville plus lisible, plus habitée.