
Architecte et fondateur du studio K.A Interior Design, Karim Abdul Muttalib s’impose par une esthétique audacieuse où se rencontrent matériaux contrastés, couleurs profondes et volumes dynamiques. À travers ses projets de prestige à travers le monde, il repousse les limites du design intérieur en insufflant à chaque espace une personnalité forte, sensorielle et toujours résolument contemporaine.
« Le luxe ne crie jamais. Il s’impose par le détail.»
Comment définissez-vous le luxe dans l’univers du design intérieur, et quels en sont les éléments essentiels ?
Pour moi, le luxe ne se limite pas à la valeur des matériaux. Il incarne une quête d’excellence, de raffinement et de singularité. Un intérieur luxueux raconte avant tout l’histoire intime de celui qui l’habite.
Cela passe par des matériaux nobles – marbre, bois précieux, laiton – qui enrichissent l’espace de sensations. La lumière, pensée comme une composition subtile, combine sources naturelles et artificielles. Le mobilier sur mesure épouse les volumes et révèle les lieux, tandis que des œuvres d’art ajoutent une dimension culturelle et émotionnelle. Chaque détail compte, chaque finition est soignée. Le véritable luxe, c’est cette personnalisation extrême qui fait d’un lieu un univers unique.
Comment alliez-vous innovation et élégance durable dans votre style audacieux ?
Tout est une question d’équilibre. J’aime jouer avec les contrastes, mais jamais au détriment de la cohérence. L’harmonie globale reste le fil conducteur de chaque projet.
Je juxtapose des matériaux aux caractères opposés (marbre et bois, métal et tissu) pour créer du rythme et de la profondeur. Mais chaque association est pensée avec exigence, afin que les textures se répondent et que les teintes dialoguent subtilement.Côté couleurs, j’ose les tonalités affirmées : un bordeaux intense, un bleu canard profond… mais toujours en touches ponctuelles, sur des bases plus neutres (gris chauds, noirs veloutés). Cela permet de souligner sans saturer, de révéler sans dominer.
Comment les cultures locales, comme au Maroc, influencent-elles vos créations ?
Chaque culture porte en elle une histoire singulière, et mon rôle, en tant que designer, est de la traduire dans l’espace. Mon approche n’est jamais mimétique : je ne copie pas, je réinterprète. Je puise dans les héritages, les symboles, les savoir-faire… pour en extraire une essence, que je transpose dans un langage contemporain. Au Maroc, par exemple, j’ai été profondément touchée par la richesse de l’artisanat, les motifs géométriques, les pigments terreux, les gestes ancestraux. Cette matière vivante est devenue une source d’inspiration. Elle m’a permis de composer des espaces modernes, subtils, porteurs de cette mémoire culturelle sans jamais sombrer dans le pastiche.
Comment intégrez-vous la durabilité dans vos projets sans compromis sur l’esthétique ?
Aujourd’hui, la durabilité est une nécessité. Je privilégie des matériaux éco-responsables comme la pierre frittée, le bois recyclé ou des systèmes d’éclairage à faible consommation. La clé, c’est de ne jamais faire de compromis sur l’élégance. Le beau peut – et doit – être durable.