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Tendances

Izyls
Matières en résonance

By octobre 29, 2025No Comments

Izyls inscrit l’artisanat dans une logique de pensée plutôt que de production. La marque puise dans les traditions africaines pour en dégager une grammaire contemporaine, où la matière devient discours et le geste, opérateur critique. Le territoire se lit dans la fibre, la mémoire dans la couleur, la modernité dans la forme. L’objet cesse d’être accessoire pour devenir vecteur : il concentre énergie, symbolique et conscience.

@izylsdesign

 

 

Le tressage Zulu, réinterprété par l’usage du fil de téléphone recyclé, illustre cette continuité transformée. Le matériau industriel, intégré dans un geste ancestral, engendre des volumes qui relèvent de la cartographie visuelle : spirales, diagonales, trames concentriques. Ces paniers ne fonctionnent pas comme contenants mais comme diagrammes, révélant un rapport dynamique entre matière et signe. La couleur n’orne pas, elle agit comme intensité structurante, elle ordonne le regard et inscrit le motif dans une logique de rythme.

Une sémiotique de la matière, où le fil recyclé et le papier modelé sont signes d’une Afrique en pensée.

Avec le papier mâché, Izyls explore une autre dimension critique. La pâte écologique — composée de papier recyclé, de sciure et de colle naturelle — se modèle en volumes organiques où l’extérieur rugueux fait contraste avec un intérieur doré, lumineux. L’objet devient topologie : une surface brute qui manifeste le travail, une cavité irradiante qui organise la lumière. Ces pièces fonctionnent comme micro-architectures sensibles, où l’artisanat prend valeur de poétique spatiale.

« La matière n’est pas ressource, elle est langage. Izyls ne fabrique pas des objets, elle formule des signes : une poétique du geste, une cartographie du contemporain. »

Le Maroc, en arrière-plan, agit comme laboratoire de cette articulation entre héritage et innovation. L’atelier devient espace théorique : un lieu où le geste ne répète pas mais formule, où la matière ne s’épuise pas mais s’intensifie. Le tressage, le modelage, l’assemblage composent une syntaxe qui relie temporalité et spatialité, mémoire et futur. L’artisan opère comme scribe de la matière : il inscrit des signes, il articule une esthétique de la durée, il institue un vocabulaire de la proximité.

Izyls incarne ainsi une Afrique critique, où l’éthique et l’esthétique convergent. Les matières recyclées ne traduisent pas l’économie du manque mais une stratégie du sens. La durabilité n’apparaît pas comme contrainte mais comme valeur constitutive de la création. Dans ce champ, l’objet se définit comme manifeste : une entité plastique qui relie la responsabilité au beau, l’intelligence du geste à l’intensité du signe, la matière brute à l’imaginaire contemporain.