
L’artisanat s’affirme comme un système d’interprétation. Le geste y génère des signes, la couleur en prolonge la vibration, la matière articule un récit actif du territoire et de ses métamorphoses.

Vous explorez une esthétique que vous décrivez comme pop berbère. Quelle part de votre identité s’y exprime ?
Je viens d’un mélange : moitié française, moitié marocaine, moitié berbère, moitié arabe. J’aime cette hybridité. Le mot pop renvoie à ma fascination pour les formes des années 70, pour leur énergie. Berbère vient de ma culture : celle du geste simple, de la terre et du travail. Mon design, c’est la rencontre entre ces deux héritages.

Le design chez vous n’est jamais décoratif. Quelle est la fonction narrative de la matière ?
Je n’aime pas le mot “décoration”. Je pense que chaque objet doit raconter quelque chose : un usage, une mémoire, un geste. Par exemple, ma table basse Sadaqah vient d’une discussion avec ma grand-mère sur le fait de manger assis au sol. Le tabouret Braz, lui, reprend un symbole berbère et évoque toutes les femmes de ma famille qui s’en servaient pour travailler, nourrir, tisser. Chaque pièce est un fragment de vie.

Si le Maroc était un atelier à ciel ouvert, quelles ressources nourriraient encore votre création ?
L’artisanat, sans hésiter. C’est la part de l’humain que rien ne remplacera. L’intelligence de la main, la patience, la transmission : c’est là que tout commence.
@houria_afoufou






