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Architectes & Décorateurs

Driss Kettani La mesure, du silence

By décembre 20, 2025No Comments

Lorsqu’il parle d’architecture, Driss Kettani évoque avant tout la mesure : celle du trait, du silence et de la lumière. Entre rigueur et sensibilité, il compose des espaces ancrés dans leur contexte, conçus pour l’usage avant l’effet. Son approche, exigeante et discrète, vise à révéler la dimension essentielle du quotidien.

Photos : Doublespace Architecture Photo

 

 

« J’aime les espaces qui offrent plusieurs lectures : celle du quotidien, pragmatique, et celle plus silencieuse, qui se révèle dans les détails. L’architecture tient dans ce double mouvement. »

@driss_kettani

Comment trouvez-vous l’équilibre entre matières et couleurs dans vos projets ?
Le choix des textures, des matières et des couleurs est primordial dans la conception d’un projet architectural, particulièrement dans le résidentiel. Je privilégie la sobriété, la clarté et une cohérence d’ensemble animée par quelques matières spécifiques qui viennent trancher ou souligner un élément architectural, une séquence, une lumière. Le dialogue entre matière et site est essentiel ; il doit refléter le contexte du projet.
Pour une maison à Casablanca, j’opterais pour des matières lumineuses, claires et chaleureuses, avec quelques touches méditerranéennes. Plus au sud, j’irais vers des tonalités plus denses, plus tactiles. Les matières ne sont pas une fin en soi, mais un langage au service de la perception.

« Le rôle de l’architecte est de restituer une forme d’équilibre dans un monde saturé. Par la proportion, par la lumière, par la matière juste. »

Vos façades dégagent un vrai calme. Est-ce une manière de vous protéger du bruit visuel de la ville ?
Dans un contexte urbain souvent animé, voire chaotique, j’aime concevoir des maisons qui recréent un monde intérieur : intime, serein et légèrement mystérieux. Cette approche se justifie lorsqu’il n’existe ni accroche urbaine, ni vue significative, ou selon les contraintes d’orientation.
Chaque maison raconte une histoire particulière. L’architecte doit composer avec un ensemble de paramètres et de stimuli pour proposer une réponse juste. Pour moi, la maison doit rester un refuge, un havre de paix face au tumulte extérieur. Les façades en découlent naturellement : elles suggèrent plus qu’elles ne montrent, recherchant une expression sobre, contenue, mais forte.

Comment trouvez-vous l’équilibre entre l’intime et le monumental dans vos projets ?
Tout repose sur la notion d’équilibre et de justesse du trait. Une maison est à la fois espace de l’intime, lieu de projection, de souvenir et d’ancrage. Elle doit aussi tendre vers l’intemporalité par le dialogue entre géométrie, espace et lumière. L’être humain en est le révélateur : c’est sa présence qui permet à l’architecture de prendre vie. Atteindre cette ligne de crête est difficile, car elle touche à l’essence même de l’architecture : offrir un refuge, un espace capable d’accueillir la vie.

Quel rôle joue le climat marocain dans votre manière de penser les espaces entre intérieur et extérieur ?
Ce rapport est fondamental, surtout dans les maisons. Le climat marocain encourage une relation directe avec l’extérieur : espaces ouverts, fluides, baignés de lumière, en dialogue avec un jardin ou un patio.
J’ai toujours été inspiré par l’architecture californienne des années 60 ou la modernité brésilienne, mais notre contexte et notre culture imposent une adaptation. Ici, transparence et protection trouvent un équilibre simple et naturel. Cette tension entre ouverture et retrait confère à l’espace une forme de beauté cachée, presque méditative.

Quelle est, selon vous, la responsabilité de l’architecte aujourd’hui au Maroc : bâtir, transmettre ou réinterpréter ?
L’architecte doit participer pleinement au développement du pays à travers une architecture tournée vers l’avenir, avant-gardiste, mais ancrée dans notre tradition et notre histoire pluriséculaire.
L’architecture peut devenir ce lien, ce fil conducteur qui relie passé et futur, en créant des espaces porteurs de sens, au service du bien commun.