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Visite Maison

Ce qui compose tient sans bruit
La maison selon Meryem Tazi

By octobre 25, 2025No Comments

Dans cette maison résidentielle, Meryem Tazi établit un langage intérieur fondé sur la mesure, la densité et la lisibilité spatiale.

Photos : Omar Tajmouati

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le vestibule annonce le ton
Ici, aucun signe introductif. L’espace se livre par couches successives, sans transition forcée. La lumière rasante révèle les lignes de construction avec exactitude. Le sol déploie une géométrie calme, guidant sans contraindre. Les murs définissent l’échelle humaine du lieu : ni monumental, ni réduit, simplement juste. Dès les premiers pas, Meryem Tazi impose une lecture spatiale réglée par la structure, non par l’effet.

Loin des effets de style ou des variations d’ambiance, le projet s’appuie sur des principes architecturaux fondamentaux : stabilité des volumes, clarté du plan, silence des matières.
L’architecture intérieure s’y déploie comme une forme de pensée appliquée, sans démonstration, sans discours, mais avec méthode et précision.

L’entrée dans le projet se fait sans rupture, comme si l’espace existait déjà dans un état latent, simplement révélé par le travail de l’architecte. La circulation repose sur une articulation claire des masses, une distribution fluide des fonctions et une gestion attentive des seuils. Chaque volume répond à une logique précise, orientée par la lumière, la structure du bâti, la place accordée à l’usage. Le mobilier ne vient pas ponctuer, mais prolonger. Il s’inscrit dans une continuité spatiale, à l’échelle du lieu, sans jamais créer de tension superflue. Ce que l’on perçoit en premier, ce n’est pas la composition décorative, mais la justesse des rapports entre les éléments : un mur porteur devient appui visuel, une bibliothèque encastrée organise la perspective, une matière brute renforce la lecture de l’espace sans chercher à captiver l’attention.

Dans cette maison, tout repose sur une économie maîtrisée : économie de moyens, économie d’effets, économie de signes. La pierre, le bois, le béton, le cuir – choisis pour leur densité, leur texture et leur résonance architecturale – produisent un équilibre sensible, sans besoin d’ajout. La lumière naturelle module l’ensemble avec retenue : orientée, cadrée, réfléchie. Meryem Tazi établit ici une forme d’architecture intérieure qui ne repose ni sur le confort visuel, ni sur l’accumulation d’objets signifiants, mais sur la qualité structurelle de chaque intervention. L’espace devient un lieu de stabilité. Il résiste aux temporalités courtes, aux tendances passagères, aux gestes spectaculaires. Il accueille, encadre, absorbe. Et ce qu’il restitue, c’est une sensation d’ordre et de calme qui relève autant de l’éthique du projet que de sa matérialité.

Le salon fonctionne par blocs
La composition repose sur une répartition équilibrée des masses : un canapé bas, tendu vers l’horizontale, dialogue avec un module graphique suspendu. La table centrale s’inscrit dans un registre minéral, sobre, dense. Le mobilier obéit à une logique de placement. Le vide entre les éléments devient un outil de respiration. La lumière naturelle module la scène avec douceur, sans contraste. La palette chromatique, tenue autour de tonalités terreuses et boisées, installe une concentration visuelle constante. Aucune dominante. Tout existe dans l’ensemble.

La salle à manger s’organise autour d’un centre de gravité précis
La table, aux proportions généreuses, s’ancre dans l’espace comme une fondation. Les assises, solides et discrètes, se tiennent à distance de tout effet spectaculaire. Le mobilier ne convoque aucun imaginaire extérieur : il assume sa fonction, tout en s’insérant dans une lecture architecturale plus large. Le traitement du plafond, neutre et maîtrisé, laisse toute la place au geste horizontal. L’ambiance repose sur un équilibre tactile entre les matières : bois lisse, pierre texturée, tissus mats. Le raffinement provient du rapport exact entre confort, tension et silence.

La circulation vers les pièces privées suit une logique d’enchaînement
Aucun couloir ne cherche à disparaître. Chaque segment du parcours affirme son rôle : orienter, ralentir, anticiper. L’articulation entre zones publiques et zones intimes s’effectue par inflexions. Les seuils sont perceptibles, sans dramatisation. Le langage spatial reste cohérent, fondé sur la répétition des rythmes, la variation des hauteurs, l’alternance entre ouvert et contenu.

La chambre principale devient un espace de réduction
Le plan supprime toute dispersion. Un lit parfaitement centré, des volumes encastrés, des surfaces absorbantes. L’œil rencontre peu de distraction. Les matières induisent un rapport direct au repos, à la densité, à la lumière indirecte. Ici, le projet renforce la sensation d’unité. Rien ne dépasse, tout se tient.

La salle de bains introduit une densité minérale
La pierre, utilisée en nappes verticales et horizontales, encadre l’usage avec autorité. La robinetterie disparaît presque dans la masse. Le miroir devient un outil de lumière, non d’esthétique. L’ensemble agit comme une parenthèse tectonique, où l’eau, la matière, la température et la géométrie construisent un environnement fermé, protégé, total.