
Au creux des montagnes marocaines, Amine Riad a découvert une racine de thuya rétive, gardienne de siècles d’histoire. Sept années d’attente et de songes furent nécessaires pour qu’elle quitte sa terre et devienne matière de création. De ce dialogue lent entre l’homme et l’arbre naquirent deux tables uniques, où l’artisanat s’élève en manifeste écologique. Rencontre avec un créateur qui fait du temps son principal allié.
@raluxurydesign

Votre travail autour de cette racine de thuya commence par une longue attente. Pourquoi le temps occupe-t-il une place aussi centrale dans votre démarche ?
Le temps est une matière. Il ne ralentit pas la création, il la densifie. J’ai appris à écouter la racine avant de la travailler. Ces années d’attente ont forgé une relation : elle m’a imposé son rythme, et c’est ce rythme qui donne aujourd’hui sa profondeur à l’œuvre.

Que représente pour vous le thuya, bois rare et précieux du Maroc ?
Le thuya incarne une mémoire géologique et végétale. Ses veines racontent la durée, son parfum traduit la force du désert. C’est un bois qui exige respect et patience. Travailler cette essence, c’est accepter de composer avec son mystère. C’est aussi affirmer une conscience : utiliser ce qui est offert par la nature sans jamais l’épuiser.

Votre processus est très éloigné de la logique industrielle. Comment définissez-vous cette différence ?
L’industrie accélère, uniformise, standardise. Mon approche cultive l’unique, la lenteur, l’inscription du geste dans un contexte. Une table en thuya n’est pas seulement un objet fonctionnel, c’est la matérialisation d’une attente, d’un paysage, d’une relation. Le design peut être éthique quand il choisit la rareté, la justesse, plutôt que la répétition.





