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Karim El Achak : «Avec Carré Eden, le challenge était de faire renaître le dynamisme de Guéliz»

By mai 19, 2017juin 7th, 2021No Comments

Architecte urbaniste diplômé de l’Ecole polytechnique de Turin, Karim El Achak est installé depuis 20 ans à Marrakech. Alors qu’il a toujours eu à coeur de sauvegarder le patrimoine architectural de cette ville, il était l’architecte idéal pour le projet Carré Eden qui a été inauguré le 6 mai dernier. Il nous dit tout sur son parcours, ce projet qu’il a inscrit dans la modernité sans perdre de vue nos traditions et sa vision du métier d’architecte au Maroc.

 

 

 

 

 

 

Pourquoi avoir fait vos études d’architecture à Turin, en Italie ?
Tout simplement parce que j’ai étudié à la mission italienne à Casablanca.

Quel a été votre parcours depuis que vous êtes diplômé ?
J’ai fait quelques stages dans des agences italiennes avant de rentrer au Maroc. Puis je suis parti faire mon service civil à Marrakech dans l’enseignement de l’architecture. C’est comme cela que j’ai découvert cette ville et cela m’a permis de me rapprocher de mon patrimoine pendant ces deux ans à travers des travaux de recherche, de diagnostiques, de relevés…
J’ai créé l’agence Associati en 1980 avec Amine Kabbaj et Malak Laraki. Aujourd’hui nous sommes une trentaine de personnes à l’agence dont 5 architctes salariés.

Sur quels types de projets travaillez-vous ?
Nous avions la volonté d’offrir à la ville de Marrkech un cabinet structuré et nous nous sommes adaptés au marché.On a fait beaucoup de réhabilitation de riads à Marrakech et Essaouira puis pas mal de résidentiel. On a travaillé avec des clients très intéressants qui voulaient revisiter l’architecture marocaine. On a aussi fait le CHU de Marrakech, des projets de jardins…

Parlez-nous de Carré Eden qui vient tout juste d’être inauguré.
C’est un projet à la programmation complexe (avec un centre commercial, une partie résidentielle et un hôtel) que j’ai fait avec le cabinet français DGLA, spécialiste des centres commerciaux. D’un point de vue urbanistique, le challenge était de faire renaître le dynamisme de Guéliz, d’où les petites placettes qui donnent sur le Boulevard Mohammed V. Les gens se sont très vite appropriés le projet. C’est fluide dans la circulation. Il y a une connetion entre les gens qui circulent dans le centre et ceux qui empruntent le boulevard. Cela a été pensé pour être un lieu complètement ouvert sur le Boulevard. L’architecture devait répondre aux besoins et aux attentes des Marrakchis : un mini-mall dans le coeur de Guéliz, des appartements avec une bonne orientation et une bonne luminosité offrant tout le confort d’habiter au centre ville sans les nuisances et un hôtel 5 étoiles. Les idées fortes ? Tous les appartements bénéficient d’une vue extérieure et d’un espace à vivre avec une grande terrasse, tandis que l’hôtel a été construit dans un esprit introverti autour d’un grand square de 2000 m2.
Sur le plan esthétique, le projet est le reflet de notre culture et de Marrakech. J’ai travaillé sur un dessin de moucharabieh, en partenariat avec Monsieur Guerrand-Hermès. J’ai profité de son regard de voyageur pour aboutir à un dessin définitif, des jeux d’arcades qui évoquent nos portes et nos arches. Nous avons utilisé ce dessin pour former les balustrades dans les appartements et la double peau de l’hôtel pour protéger les chambres du vis à vis et d’un ensoleillement direct. Ce sont toujours des réponses réfléchies. Ce n’est pas du maquillage. L’architecture doit durer, ne pas lasser. C’est une évocation de nos savoir-faire. Grâce à cela, les gens qui sortent du Starbucks ou de H&M ne perdent pas la notion de l’endroit où ils sont, ils savent qu’ils se trouvent à Marrakech.

Quels sont vos autres projets ?
Nous sommes aussi dans une réflexion d’accompagner la programmation. Mes trois ans d’expériene au sein de la fondation des festivals m’ont permis de présenter une nouvelle plateforme dans laquelle on a proposé une cité des arts populaires. C’est un projet très intéressant à la veille du cinquantième anniversaire du festival. Ce projet intègre la dimension de la sauvegarde de ce patrimoine immatériel. On travaille aujourd’hui sur la conception de ce projet et on répond aussi à des concours sur tous le Maroc pour la commande publique.  On travaille aussi sur un itinéraire touristiques qui va relier les différents lieux touristiques. On a recréé cet itinéraire en libérant des placettes, en réoriganisant le trafic. C’est un projet urbain structurant qui donne la priorité à ce circuit qui relient sept monuments, de Bab Agnaou à la Bahia.
Aujourd’hui, nous souhaitons ouvrir l’agence à des jeunes, nous agrandir, aller en Afrique, dans des pays très proches de nous, où nos savoir-faire sont reconnus. Nous sommes prêts, nous attendons juste que le pays nous offre les conditions de le faire.
Les lois qui régissent notre profession n’évoluent pas et ne permettent pas aux cabinets marocains de s’agrandir. Le Maroc pourrait exporter son savoir-faire en Afrique via ses architectes. Il faudrait pour cela revoir notre statut. Tous les gros projets se font avec des cabinets internaitonaux associés à un cabinet marocain parcequ’ils sont obligés…Après 24 ans d’exercice, j’ai un autre regret, c’est qu’il n’y ait pas d’université d’architecture à Marrakech qui puisse traiter des thématiques du Sud et former des élèves sensibilisés à leur patrimoine.

Carré Eden, un complexe multifonctionnel
Situé au coeur du quartier historique, Carré Eden est le fruit de l’association entre Xavier Guerrand-Hermès et le fonds Maghreb Siyaha géré par Actif Invest. Ce complexe multifonctionnel composé du centre commercial, d’un marché de frais, d’un projet immobilier et d’un hôtel 5 étoiles Radisson BLU, offre aujourd’hui à la ville de Marrakech un nouvel espace de vie, un lieu de tourisme, de rencontres et de shopping avec sa soixantaine d’enseignes dont plusieurs ouvrent pour la première fois à Marrakech comme les très attendus H&M, Gant ou encore Starbucks et un large éventail d’offres (prêt-à-porter femmes, hommes et enfants, accessoires, parfumerie et cosmétique, restauration, services et équipements et alimentation).