Une composition chiquement exubérante

écrin précieux d’une audacieuse collection d’art, cette villa casablancaise a bénéficié de l’expertise et du talent de Radia Biaz Lahlou, architecte, architecte d’intérieur et artiste. Pour matérialiser ses inspirations, elle a pu compter dès les premières esquisses sur la collaboration précieuse de Jacob Ouaknine, fondateur et directeur général de HWM Maroc, la maison des grandes marques.
Photos : Chamsi DIB – Texte : Mélanie Wilms

Derrière une façade empreinte de sobriété, cette villa déploie de généreux volumes où s’exprime pleinement un univers arty anticonformiste.
Associant des lignes architecturales épurées à une combinaison de matériaux bruts tels que le bois, l’acier, la pierre et le béton, cette conception fait la part belle aux œuvres d’art et aux pièces de mobilier à l’identité affirmée. N’hésitant pas à casser les codes et à provoquer l’étonnement, Radia Biaz Lahlou a œuvré à la création d’un parcours expérientiel à travers l’ensemble du rez-de-chaussée. Rock, street art, fashion et design s’entremêlent brillamment autour d’une vision artistique engagée et détonante. Tout en exprimant sa singularité dans son environnement immédiat, chaque pièce artistique ou de mobilier remarquable dialogue entre elles et s’inscrit dans une composition maîtrisée. Allant de découverte en surprise, le regard est habilement guidé vers les pièces les plus significatives par un jeu de lumière particulièrement soigné. Les nombreuses percées visuelles créées par l’architecture assurent en outre de multiplier les points de vue sur les différentes atmosphères et d’admirer les œuvres sous différents angles, à l’instar des canapés Pack et On the Rocks de Francesco Binfaré pour Edra et des œuvres d’art interpellantes de Radia Biaz Lahlou comme «Bagdad», «Not in My Name» ou le «Joker». Toujours pour garantir une liberté totale au regard et faciliter la circulation, Radia Biaz Lahlou a en outre fait le choix de travailler l’escalier au centre de l’espace telle une pièce sculpturale. En béton brut, il est paré d’une fresque monumentale et surmonté d’un skydôme dont la forme organique fait écho aux ouvertures du rez-de-chaussée. L’ensemble offre d’ailleurs un joli contre-pied à l’épure des lignes architecturales. Le jardin faisant partie intégrante de cette audacieuse composition, la conception architecturale a fait montre de prouesse en créant une baie vitrée de pas moins de 16 mètres de long sans aucun poteau, grâce à l’intégration d’une dalle poste tension. Cette ouverture inspire à encore plus de liberté visuelle en gommant véritablement la frontière entre les espaces intérieurs et extérieurs. Tout en faisant appel à un répertoire tropical, le jardin joue la carte de la retenue en associant exclusivement trois essences végétales afin de ne jamais voler la vedette aux œuvres d’art. Ici encore, le ton badin et expressif est tout de suite donné par une sulfureuse salle à manger d’extérieur et des sculptures aux coloris acidulés, associant brillamment les références antiques et contemporaines. À proximité de la piscine, les assises accueillantes, et surtout pluridirectionnelles, dénotent une nouvelle fois de l’approche anticonformiste des propriétaires.